Ecrire sans se poser de questions, et commencer sérieusement à écrire

Etant tenu éveillé suite à une sieste faite un peu trop tôt dans l'après-midi, j'ai préféré lire que tourner en rond dans le noir. J'ai fini Lorsque j'étais une œuvre d'art, dévoré Un zoo en hiver, et finalement commencé La balade de l'impossible.
Le tout m'a poussé à reprendre la plume (enfin le clavier), mais commençont par les trois livres, et finissons par ma reprise de l'écriture.

Le premier m'a été conseillé par ma compagne, qui est fascinée par Eric-Emmanuel Schmitt, et c'est un livre délicieux dans sa facilité à nous faire suivre un homme de son désir de suicide jusqu'à sa libération, en passant par sa transformation en œuvre d'art par un artiste trop connu. Un livre intelligent, qui aborde la définition de notre humanité, les raisons que l'on a (ou que l'on se donne) d'exister, l'être et le paraître sans jamais avoir l'air d'un cours de philosophie.

Le second attendait dans notre bibliothèque, et il raconte les début d'un jeune mangaka (dessinateur de manga), de sa décision initiale jusqu'à la publication de sa première production alors qu'il n'est encore qu'un assistant, en passant par une histoire d'amour humaine et sensible. L'auteur, avec son dessin limpide et ses personnages attachants, y aborde le passage à l'âge adulte tant au niveau humain qu'au niveau de la création : certaines choses sont ainsi, et pour produire il faut travailler, et encore travailler. Un peu triste, terriblement beau et éclairant. J'y reviendrais.

Le troisième, j'en parlerai dès que j'aurais fini de le lire.

Ce que m'a rappelé le récit de Taniguchi est que pour produire quelque chose, il faut se lancer. Rester des heures à attendre que l'inspiration vienne ne sert à rien, et se jurer qu'un jour on écrira ne même nulle part. Ce point m'avait déjà été présenté lors de la lecture de Bird by Bird : plutôt que d'attendre, écrit. Ecrit un "premier brouillon merdique" comme dit l'auteur ("a shitty first draft" en VO). Il sera plein d'imperfections, il devra être corrigé et le faire lire aux autres serait sûrement un supplice, mais personne ne peut vous obliger à montrer ce premier jet. La plupart des auteurs pourront d'ailleurs le détruire pour assurer leur auréole de génie ;-) et ne pas montrer les laborieuses étapes qui y mènent.
C'est un conseil que j'ai relu récemment dans Flow to Done: Tap Into Your Creative Source, qui aborde l'état de flow, avec quelques conseils pertinents pour y parvenir. Ecrire sans se préoccuper de sortir un texte parfait, parce qu'avoir un premier brouillon est la première étape pour avoir un jour un texte dont on puisse être content.

J'ai donc expérimenté : un simple terminal en mode texte sur ma machine Linux, avec un éditeur basique (Vim) qui est parfait pour un environnement minimaliste, et donc les caractéristiques limitent la facilité de revenir en arrière pour modifier le texte, ce qui dans le cadre de cette expérimentation m'arrange. Aucun autre logiciel n'est visible à l'écran, et aucun ne peut venir s'imposer en sur-impression. Revenir plus de quelques mots en arrière n'est pas facile (ou alors il faut que je regarde dans la documentation pour maîtriser un peu mieux l'éditeur), mais cette contrainte renforce le conseil du blog Write to done : écrire sans corriger, sans revenir en arrière, en laissant les mots passer de l'esprit à l'écran sans coupure. Simplement laisser les idées devenir des mots.

Cela a plutôt bien marché, en quelques dizaines de minutes j'avais plus de 5000 signes composant une histoire perfectible, mais au moins tous les éléments que j'avais en tête étaient écrits, et j'ai loisir d'y revenir pour en faire une vraie nouvelle dans un avenir proche. Voilà, un billet plus long que la moyenne, mais maintenant je peux aller me coucher l'esprit en paix, je ne perdrais pas mon idée de nouvelle une fois de plus. L'esprit vide même, je n'ai plus rien à lui ajouter, et ce billet a fini d'épuiser mes idées pour cette nuit.